Homélie du 13 août 2017 - 19e dimanche TO
« Sans peur et sans reproche ».
Eh bien, non, frères et sœurs, le
chrétien n'est pas, dans son genre, un chevalier Bayard.
Non, sainteté ne rime pas avec sans
peur et sans reproche. L'angoisse, la peur pourraient bien être, eux aussi, des
chemins de rencontre de Jésus, des expériences de sa grâce.
Avec Elie, avec Pierre, nous voilà en
plein dans le sujet, n'est-ce pas ?
Et puisque nous sommes dimanche,
frères et sœurs, jour de Pâques-passage, nous demandons ensemble cette grâce de
passer de nos peurs humaines à l'adoration élianico-pétrinienne, à la crainte
filiale. Un vrai chemin, très concret, de sainteté.
Et j'ai vu cela, clairement : Oui,
j'ai vu comment la conversion à Jésus fait quitter la peur et entrer dans la
confiance. Je l'ai vu au Gabon, où les peurs sont nombreuses, avec tant de sorcellerie
et de diableries, dans la forêt. Eh bien, j'ai vu que ceux, celles qui
accueillent vraiment Jésus, pour de bon, quittent la peur et accèdent à la paix
: magnifique ! C'est pour nous aussi.
Peurs
?
Notre
évangile en est plein. Les disciples paniquent sur un lac angoissant et
nocturne. Ils crient à l'approche du fantôme Jésus. Pierre s'enfonce dans
l'abîme.
Peu ou prou, n'est-ce pas le lot de
chacun ? Peurs pour soi-même (licenciement, fragilités de tous bords, peurs de
Dieu même), peurs pour nos proches, nos aimés, nos enfants, peurs pour le monde
(guerre, terrorisme, désastre écologique). Chacun complétera la litanie.
Comprenons : c'est une compagne
inhérente de toute vie humaine. Alors, consentons.
Et assumons ! mais en chrétiens, en
enfants du Père et disciples de Jésus.
N'oublions pas : Jésus Lui-même, notre
maître et modèle, a connu l'effroi, Il a fait face, Il a pris sur Lui nos peurs
à tous. Ainsi, en Lui, avec Lui, par Lui, un chemin de vie est tracé. Lequel ?
Viens
!
Notre brave Pierre va être notre guide. Il entend le « Viens » de Jésus. Il saisit sa main. Quel
trésor !
Pierre obéit : il marche sur les eaux.
La ténèbres, les forces de mort n'ont plus de prise sur lui. Mais, quitte-t-il,
un instant, le contact, submergé par sa terreur, il plonge, englouti.
Jésus le veut, tenu, attaché, suspendu,
à Lui, comme miséricordié, par cette confiance-obéissance radicale, totale,
vitale. Sinon le miracle cesse aussitôt.
Hommes
de peu de foi !
Oui, c'est bien cela : « Notre victoire, c'est notre Foi » (1 Jn) jusqu'au creux de nos
détresses.
Croire, c'est participer à l'Etre même
de Jésus.
Croire, c'est se laisser revêtir de sa
force, de sa Paix infinie, de sa confiance d'enfant en son Père.
Croire, c'est être uni, communier à la
victoire de Jésus sur le mal.
«
Dans le monde, vous aurez de l'affliction, mais courage, j'ai vaincu le monde »
(Jn 16,33).
M. Chouraqui a traduit ainsi : « Nains de l'adhérence ! » Surprenant,
mais suggestif, non ?
Oui, frères et sœurs, adhérons par la
foi au Christ, à sa toute-puissance contre le mal, offrons et traversons nos
peurs, éveillons l'Esprit de force de notre baptême-confirmation.
«
Dans mon angoisse, j'ai crié vers le Seigneur, et lui m'a exaucé, mis au large
» (Ps 117)
«
Sur Dieu, je prends appui : plus rien ne me fait peur ! Que peuvent sur moi des
humains ? » (Ps 55)
Nous
l'avons compris, frères et sœurs : Dieu n'anesthésie pas nos vies.
En Jésus, Il les a embrassées
totalement, hormis le péché. Il est Père, notre Père, ni juge, ni absent, ni
impuissant. En Lui, nous nous humanisons et trouvons notre accomplissement.
Contre toute attente, Il me fait
entrer dans le vrai de la vie, de Sa Vie, à travers toutes circonstances,
jusqu'aux plus angoissantes, jusqu'à la mort même. Car rien ne peut me séparer
de son amour, et la foi me fait passer de ma peur à la crainte amoureuse.
J'entends alors : « Confiance. C'est moi. Ne crains pas. Paix à toi ». Oui, je passe
du stress à l'adoration.
Car c'est bien « la confiance, et
rien que la confiance, qui conduit à l’Amour ».
Oui, c'est le jour pour écouter sainte
Thérèse, la Madre :
«
Que rien ne te trouble. Que rien ne t'épouvante, tout passe. Dieu ne change
pas.
La
patience obtient tout. Celui qui possède Dieu ne manque de rien.
Dieu
seul suffit » (Poésie 10).
Amen !
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