Homélie du 15 octobre 2017 - Sainte Thérèse d'Avila

     

          Nous sommes le 28° dimanche du temps ordinaire dans l’année, mais aujourd’hui cela tombe un 15 octobre ; or le 15 octobre est la solennité de Saint Thérèse de Jésus, notre Mère Sainte Thérèse d’Avila au Carmel. Aussi puisque nous sommes dans le temps ordinaire nous pouvons prendre ce dimanche la solennité de la grande Sainte Thérèse, comme il y a 15 jours pour la petite Thérèse.
                Le sujet de l’homélie sera donc sur Sainte Thérèse, avec les textes propres pour cette fête. Pour ceux qui ne le savent pas, Thérèse naît au XVI° siècle, le siècle d’or en Espagne ;  Elle voit le jour à Avila en Castille à l’ouest de Madrid, le mercredi de la Passion 28 mars 1515 ; ce mercredi était donc celui qui précède les Rameaux. Elle est baptisée dans l’église St Jean 8 jours après pour le Mercredi Saint 4 avril, le jour même où l’on inaugure le carmel l’Incarnation où elle se fera carmélite.
                Sa famille était en partie d’origine juive tout en étant profondément catholique. Il faut dire qu’en Espagne ont longtemps cohabités  le christianisme, le judaïsme et l’Islam. Le roi d’Espagne se considérant parfois comme le roi des trois religions. Thérèse sera confrontée indirectement à cela en plus du protestantisme qui venait d’apparaître en Europe.
                Elle va avoir un cheminement très instructif pour nous, pour notre propre conversion, même pour ceux qui ne sont pas consacrés au Seigneur. Après une attirance pour le martyre dans son jeune âge, elle va chercher à plaire et  penser au mariage. Mais après un séjour comme pensionnaire chez les Augustines d’Avila, elle va choisir la vie religieuse. A  ce sujet ce couvent des augustines, d’après des traditions fort anciennes, aurait été l’emplacement d’une Mosquée. De même  l’Incarnation où  elle désire entrer a été fondée sur l’emplacement d’un ancien cimetière juif.
                Thérèse va donc vivre une ou 2 conversions, tout d’abord son choix de la vie religieuse, puis après une vingtaine d’années comme moniale assez ordinaire, elle va s’orienter avec la grâce de Dieu vers un don total qui fera d’elle la Sainte que nous honorons et la grande Réformatrice de l’Ordre de la  Vierge, le Carmel. Dans le sens des saints qui ont vécu une « conversion », nous avons bien sûr Saint Paul, mais aussi Saint Augustin qu’elle aimait beaucoup, c’est d’ailleurs  par la lecture de ses confessions (de St augustin) qu’elle s‘est sérieusement orientée dans une vie à Dieu plus spécifique.
                Nous avons aussi le cas de Saint François d’Assise, lequel qui s’est totalement tournée vers le Seigneur, à peu près au milieu de sa vie. Ces exemples nous montrent qu’il n’est jamais trop tard pour se tourner vers Dieu, si on ne pas déjà fait.
                Mais la grande œuvre que le Seigneur demande à Thérèse c’est de remettre dans la bonne voie l’antique Ordre de sa Mère, lequel en ce XVI° siècle était pas mal relâché. Elle va ainsi fonder un premier couvent dédié à Saint Joseph, au quartier St Roch d’Avila (lundi 24 août 1562). Puis elle va en fonder 16 autres, sans compter les 14 couvents de carmes qui seront fondés à sa demande, donc que l’on peut attribuer à ce que Dieu voulait d’elle. Pour les carmes c’est avec  le concours bien sûr de Saint Jean de la Croix et d’autres religieux.
                Comme pour tous les saints l’œuvre de Sainte Thérèse, que se soit les monastères réformés,  ses écrits ou l’exemple de sa vie, cela sera surtout posthume, après son retour au Seigneur, et cela va durer durant des siècles, jusqu’à maintenant, à preuve qu’il y a ici dans ce sanctuaire N.D. de Pitié, des carmes de sa réforme.
                Un point très important et qui fait de Thérèse une sainte universelle ce sont ses écrits : entre autres celui de sa vie, les fondations, le château intérieur et le chemin de la perfection. Ce dernier livre appelé aussi « Explication du Notre Père », étant le plus pratique à lire.

                Et déjà le pape Grégoire  XV qui l’a canonisée en 1622, parlait d’elle comme Docteur et l’université de Salamanque à la même époque lui décernait ce titre de Docteur de l’Eglise, mais cela ne deviendra officiel qu’en 1970, avec le Pape Paul VI.
                Thérèse par ses carmels en France a joué un rôle essentiel pour protéger notre pays du protestantisme. On a dit dans ce sens  que, de  même qu’un français Raymond de Bourgogne avait construit les remparts d’Avila au XI° siècle pour protéger cette ville de l’islam, de même sainte Thérèse avait protégé la France du protestantisme par ses carmels.
                Les textes de l’Ecritures sont particulièrement bien choisis pour cette solennité. Tout d’abord le livre de la sagesse  lequel fait dire à Salomon : j’ai prié, j’ai supplié, je l’ai préférée, je l’ai aimée, je l’ai choisie, au sujet donc de la sagesse, ce qui convient parfaitement à notre sainte. Dans ce sens il faudrait aussi relire en entier le psaume 83 : « De quel amour sont aimées tes demeures, Seigneur, Dieu de l’univers ! Mon âme s’épuise à désirer les parvis du Seigneur ».
                La Lettre  de Saint Paul aux Romains toute orientée sur l’Esprit-Saint, car la Sagesse,   concerne aussi le Saint-Esprit : « tous ceux qui se laissent conduite par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu ». « Poussés par cet Esprit, nous crions vers le Père en l’appelant : Abba ! »
                Enfin l’épisode de la Samaritaine en Saint Jean. Thérèse aimait énormément ce récit de la Samaritaine, dont il y avait un tableau dans sa famille, lequel tableau se trouve maintenant au monastère de l’Incarnation. Ce qui l’avait spécialement intéressée c’est cette expression. ; « Donne-moi de cette eau (Da mihi hanc aquam »).Cette eau étant l’image de la Sagesse, et cette Sagesse concerne  en priorité le Christ, mais convient aussi  donc pour l’Esprit-Saint (cf. Sagesse 8,17).
                Sainte Thérèse est fondatrice de la Réforme de l’Ordre de la Vierge. Pour elle la Règle primitive est celle de Notre-Dame,  Notre-Dame du Mont -Carmel. Il faudrait réfléchir sur ce mystère du Carmel en lien avec Marie et l’Esprit-Saint.
                Thérèse est au centre de ce mystère. Les constitutions des carmes de 1986 en français  disent  aux carmes, mais cela est valables pour tous ceux qui croient à ce mystère: « Nous sommes rassemblés en cette famille par une vocation personnelle et, vu quelle se présente comme une expression rénovée d’un Ordre ancien, elle unit la fidélité de l’esprit et de la tradition du Carmel à la volonté d’une incessante rénovation. Notre Mère Thérèse nous a légué ces deus choses comme un testament ». (Constitutions premier chapitre, n° 1).
                C’est-à-dire que Sainte Thérèse se réfère à tous ceux qui l’ont précédé depuis les prophètes, en l’occurrence essentiellement nos Pères Elie et Elisée, et considère que ce Carmel réformé se prolonge au long des siècles, ce qui est le cas en particulier avec des saintes comme la petite Thérèse, Élisabeth de la Trinité, Marie de Jésus crucifié, Edith Stein, et combien d’autres.
                Aussi, en cette belle solennité de sa Fête, demandons à Sainte Thérèse de Jésus d’Avila de nous aider à nous convertir toujours mieux, à revenir à cette Règle Primitive qui n’est autre que l’Evangile, que la fidélité à notre baptême, et au niveau d’une Personne cette Règle c’est La Vierge Immaculée, Epouse de l’Esprit-Saint, Mère de Jésus et notre Mère à tous et à chacun.
                Enfin tout cela nous le vivons, nous le célébrons dans  le Saint Sacrifice de la messe au cours de l’Eucharistie, laquelle fait vraiment de nous les enfants de Dieu, le Corps Mystique du Christ, pour la plus grande Gloire de Dieu dans son Amour Trinitaire.                        AMEN.