Homélie du 03 décembre 2017 - 1e Avent
Comme vous le savez, le mot avent
(s’écrit avec un e) vient du latin adventus qui veut dire avènement. L’avent,
c’est ce temps liturgique qui nous prépare à la naissance du Sauveur de l’humanité.
Et ce premier dimanche a pour but de nous mettre en marche, en route vers Noël.
Dans la première lecture nous avons
entendu cette belle prière d'Isaïe : "Ah! Si tu déchirais les cieux, si tu
descendais, les montagnes fondraient devant toi." Une prière qui nous fait
communier à l'attente d'Israël pour que Dieu envoie le Messie Sauveur. Celui
qui viendra libérer Israël de son péché. Et le psaume reprend la prière de
David : "Berger d'Israël, écoute, viens nous sauver. "
Ces prières reflètent les sentiments
qui doivent nous habiter pendant ce temps de l'avent : temps de l'attente,
temps de l'espérance. Nous sommes dans l'attente du Seigneur qui doit venir,
qui doit revenir. Mais on peut attendre de différentes manières. On peut
attendre, comme dans une salle d'attente en feuilletant des revues, en faisant
passer le temps, ou en flânant dans les rues en regardant les boutiques. Dans
l'évangile, le Seigneur nous indique de quelle manière nous devons l'attendre.
Une première recommandation : « Veillez ! ».
4 fois dans l'Évangile. La veille demande une attention soutenue pour éviter de
s'endormir ou d'être distrait par une occupation passagère. Cette veille doit
empêcher le sommeil de nous engourdir car "le Seigneur peut arriver à
l'improviste et nous trouver endormis".
Pour maintenir notre cœur attentif
pendant cette veille spirituelle nous avons besoin de prendre un bon café. La prière
est ce café spirituel qui nous tient notre âme éveillée, et qui prépare notre
cœur au retour du Seigneur. Le seigneur nous invite à veiller, à garder la
lampe de notre foi allumée, car nous ne savons pas quand il reviendra : « le
soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin ».
La prière par excellence est celle du
Notre Père qui est le résumé de l’évangile. Cette prière est au coeur de tous
les sacrements. Comme vous le savez la Conférence des évêques de France (CEF) a
annoncé l’entrée en vigueur d’une nouvelle traduction du « Notre
Père » pour ce premier dimanche de l’avent (le 3 décembre 2017). Dans la
sixième demande, nous ne dirons plus désormais « Et ne nous soumets pas à
la tentation » mais « Et ne nous laisse pas entrer en
tentation ». L’ancienne traduction avait suscité des débats houleux. Elle
avait même été déclarée par certains comme équivoque puisque Dieu ne peut pas
soumettre l’homme à la tentation.
Désormais nous n’aurons plus cette
difficulté car la nouvelle traduction nous fait demander à Dieu de ne pas nous
laisser prendre le chemin qui conduit au péché (CEC 2846). Nous demandons à
Dieu de ne pas nous laisser entrer en tentation (Mt 26,41), autrement dit de
nous donner la force pour ne pas y succomber. Au sein même de la tentation,
Dieu donne la force de l’Esprit Saint qui permet d’y résister (1 Co 10,13).
Nous le demandons humblement, car nous savons que sans Dieu nous ne pouvons
rien faire (Jn 15,5). Après plus de 50 ans nous aurons sans doute bien du mal à
réciter le Notre Père sans se tromper de formule.
Ce temps de l’avent nous est donc
offert pour nous réveiller de nos somnolences routinières, de nos égoïsmes, de
nos paresses, pour écouter la parole de Dieu et se laisser secouer et réveiller
par elle. C’est un temps où nous sommes invités à briser les chaînes de nos
vieilles habitudes, et à voir quelles sont les priorités, les urgences dans
notre vie. C’est un temps ou avec Marie nous attendons la venue de Jésus. Jésus
est déjà venu dans la crèche de Bethléem, et il reviendra dans la gloire au
dernier jour, mais c’est chaque jour qu’il vient en nous si nous faisons de
notre cœur une crèche où il pourra naître.
Noël est une fête familiale, et la
coutume des cadeaux est une bonne chose pour manifester et entretenir
l’affection dans la famille. Mais le plus beau cadeau que nous puissions offrir
à ceux que l’on aime c’est de leur transmettre la foi de l’Église. Les jeunes
ne comprennent pas encore toute l’importance de la foi, et il revient aux
parents de veiller à ce que leurs enfants soient éduqués dans la foi de l’Église.
Donnons à nos jeunes, ce qu’il y a de plus beau, la foi en Jésus.
Le Seigneur dans l’évangile nous dit que
la veille de la prière doit se vivre dans la fidélité du travail
quotidien : « C’est comme un homme parti en voyage : en quittant
sa maison, il a donné tout pouvoir à ses serviteurs, fixé à chacun son
travail ». Quel est le travail à faire que le Seigneur m’a confié ? À
chacun de se laisser interroger par la parole pour voir comment il peut
répondre à l’appel de Jésus dans l’évangile. Il ne s’agit peut-être pas de
donner plus de temps à la prière mais de le faire différemment, avec plus
d’intensité dans une relation intime avec Jésus, un cœur à cœur. Lui laisser la
possibilité de se dire en nous comme Dieu d’amour et de paix. La vie chrétienne
est une conversion continue. Chaque minute nous est donnée pour nous enraciner
davantage dans l'amour. Le temps est quelque chose de précieux, ne le
gaspillons pas.
Je vous propose une résolution pour ce
temps de l’avent : vivre dans la paix et la joie. Vivre la paix en nous
d’abord, pour après la répandre autour de nous, dans nos familles, dans nos quartiers,
dans nos lieux de vie et de travail. Accueillir la paix de Jésus, pour vivre
réellement et préparer ainsi la venue du Prince de la Paix. Faisons taire nos
armes de guerre, les coups de langue, les poings rageurs, les regards qui tuent,
et prenons les armes de paix, la main qui se tend, les bras qui s’ouvrent, le
cœur qui pardonne. Voilà ce que nous pourrions tous faire, tous ensemble :
faire de nos lieux de vies, nos cités, une terre d’accueil, de fraternité, de
partage, une terre de mission où nous annonçons et vivons l’évangile de la paix.
Ce n’est pas de l’utopie, c’est la réalité de l’évangile.
Et pour parfaire ce chemin de conversion, une vraie
pénitence pour ce temps de l'avent serait de prendre la résolution d'être
toujours joyeux. La joie est la note caractéristique de l'avent. Le
christianisme est la religion de la joie, parce qu'il est la religion de
l'amour, et que la joie est le fruit de l'amour.
Ce n'est pas la joie sensible d'un instant, aussi
fugitive qu'imparfaite, et qui se traduit en replis égocentriques. C'est la
joie de la foi, la joie de l'espérance, de la certitude d'être aimé et
pardonné. Cette joie vient de Dieu, elle est un don de l'Esprit-Saint que
personne ne peut nous enlever. Elle n'empêche pas les larmes et la souffrance
mais elle nous garde du désespoir et nous conduit à la confiance en Dieu.
La joie est la première missionnaire de l'évangile.
Soyons des chrétiens qui par leur joie témoignent de l'amour sauveur de Dieu
dans leur vie, pour tous les hommes. En ce dimanche, il nous faut préparer le
chemin du Seigneur avec un cœur joyeux qui attend le retour du Seigneur. Voilà
la veille que le Seigneur attend de nous.
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