Homélie du 24 décembre - Nuit de Noël
Chers frères et soeurs,
Enfin, la voici cette nuit, la nuit de Noël, c'est une nuit que nous voyions arriver ; nous en entendions parler, Noël approche et ce soir ensemble nous allons comme arrêter le temps et nous allons essayer de comprendre pourquoi ce soir nous sommes réunis devant ce petit enfant entouré de ses parents et de quelques bergers.
Ce
soir une raison nous rassemble, une source de joie immense nous réunit : au
cœur de notre foi chrétienne, Dieu se fait
homme ! C'est une réalité qu'il nous faut s'en cesse réfléchir. N'ayons pas
la faiblesse de penser que cette vérité de foi est vite comprise.
Qu'est ce que cela veut dire ? « Dieu
se fait homme » veut dire que Dieu a
quelque chose à nous dire au sujet de notre destinée humaine. Et n'est-ce
pas la question de la destinée humaine qui se trouve à l'intime de chacun de
nos cœurs ? N'est-ce pas la question pour chacun de nous quand bien même nous
serions croyants pratiquants, ou que nous ne venions que rarement à l'Église ?
Cette
question au sujet du sens de nos vies n'est jamais très loin dans notre cœur.
Elle est là. Cette question, c'est tout-petits que nous nous la posons : « qui
me dira le sens de ma vie ? Qui m'éclairera ? » Et nous avons tous besoin
d'être éclairés. Et la lumière que Dieu nous donne ce soir, il nous la donne en
se faisant petit enfant, en venant vivre une existence humaine. Dieu se fait
homme pour que dans cet enfant qui deviendra un homme, nous puissions entendre
et voir le sens ultime de notre vie.
Si
cet enfant vient nous conduire, c'est parce que lui seul est à même de nous conduire sur les chemins de la vie,
alors même que viendrait un jour où ce chemin soit difficile, obscure, pénible
et parfois même peut-être insupportable. Car n'ayons pas peur de le dire aussi
ce soir, à l'instant où nous sommes ici ensemble, combien de nos frères humains
à travers le monde vivent quelque chose d'insupportable ! Mais ce soir, le
Christ vient au milieu de nous ! Voici que « sa Parole prend chair », et
descend au milieu des hommes, pour leur rappeler une chose : ils sont tous frères !
Ce soir chers frères et soeurs, nous sommes dans cette chapelle de Notre Dame de Pitié réunis devant Celui qui est la vérité et qui nous appelle à faire la vérité au fond de nous. Retenons tous une chose : Dieu ne peut nous rejoindre que par là, dans nos cœurs, où nous avons nous-mêmes perdu pied. Dieu ne vient pas nous accompagner là où nous n'avons pas besoin de Lui. Il vient nous accompagner là où nous-mêmes, nous ne savons plus comment avancer ; il vient nous dire dans notre nuit quelle est la route. C'est à l'intime de notre vulnérabilité et de nos faiblesses, qu'il vient nous parler. Dieu ne s'intéresse pas à notre force. Il vient vulnérable parce qu'il sait que nous sommes vulnérables.
Mais, hélas, nous sommes tous dans un jeu et dans un
monde de compétition où notre vulnérabilité n'a pas de place. Mais quiconque ne
se reconnaît pas faible, pauvre, fragile, pécheur et vulnérable ne peut pas
accueillir Celui qui frappe précisément à la porte de notre vulnérabilité. Dieu
nous aime frères et soeurs. Il n'aime pas notre force, il nous aime nous.
Il vient nous
parler par sa vie. Il vient se faire l'ami de chacun de nous pour que, dans
ce lien d'amitié qui va grandir, le Christ puisse nous redonner la lumière de l'espérance chaque jour et toujours.
Car il vient au milieu de nous parce que chacune de nos vies l'intéresse, chacun de nous à du prix à ses yeux.
N'ayons jamais l'audace de croire que nos vies sont ainsi données comme par
hasard. Comme si le laps du temps à vivre n'avait pas de sens. Non, il y a en chacun de nous, le visage de
Dieu, l'image de Dieu. Et parce qu'il a mis son image en nous, Dieu ne veut
pas qu'elle soit recouverte et ignorée par ceux qui la portent. Alors il vient
nous dire : « la vie est dans l'Amour et
votre vie est cachée dans votre capacité d'aimer ». Et lorsque nous sommes
nous-mêmes parfois tentés de renoncer de nous résigner, le Christ vient au
devant de nous et nous dit : « je porte ta vie, je viens au devant de toi et je
t'aime. »
S'il se pouvait que nous nous donnions des cadeaux, le
plus merveilleux des cadeaux que nous pourrions nous partager serait de nous
dire à quel point nous sommes précieux
les uns pour les autres. Aucun de nous n'est venu dans cette chapelle sans
être lié à une famille, à des amis, à une communauté, à des voisins. Nous
sommes tous donnés ensemble et nous avons à reconnaître le trésor
extraordinaire que nous sommes, chacun ! Le plus beau cadeau que nous avons
besoin d'entendre, c'est quelqu'un qui nous dise : « Tu as du prix à mes yeux
et je t'aime ». Dans nos familles, quelques soient leurs blessures, nous avons
l'impérieux devoir de nous le dire.
Nous sommes
appelés à nous donner ce trésor. Si nous chrétiens ne le faisons pas, qui
le fera ? Mais il faut encore avoir le courage de suivre cet enfant de la
crèche, de lui donner la main et lorsqu'il va grandir, Il va nous entraîner au don de nous-mêmes.
Si nous le voulons, nous pourrons ensemble nous retrouver
à Pâques pour suivre un nouveau chapitre de la vie de cet enfant. Lorsqu'il
viendra nous apprendre que dans la nuit de la mort, cette mort qui terrifie les
hommes, seul l'Amour est capable de la
vaincre et Lui va nous aimer
jusqu'au bout.
Ce soir, chers frères et soeurs, notre Père des cieux
nous rassemble, nous, ses enfants et Il vient déposer dans le cœur de chacun de
nous, dans cette crèche qu'est notre cœur, sa
Parole, son Verbe, son Fils, tout son Amour. Son Fils vient nous dire
combien nous sommes précieux à ses yeux. Laissons-nous toucher par l'enfant de
la crèche ! Laissons-nous convertir. Écoutons-le. En Lui se trouve la Parole de
la vie éternelle.
Personne n'est obligé de le croire, bien sûr, mais
personne ne trouvera un meilleur guide, un plus puissant réconfort, un
consolateur plus parfait que ce petit enfant qui vient au milieu de nous. Ce
soir, demandons les uns pour les autres cette grâce de Noël, que la paix et la
joie viennent tous nous envahir. Amen
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