Homélie du lundi 09 avril 2018 (l'Annonciation)
Frères et sœurs,
l’annonciation est bien l’un des événements de l’humanité le
plus représenté dans l’histoire de l’art. La rencontre
extraordinaire de l’Ange Gabriel avec Marie est aussi le
commencement des mystères du Christ
dans notre monde. Et pour un événement aussi unique, on ne sera pas
étonné d’entendre un récit d’une extrême densité et d’une
telle profondeur et en même temps cette
scène de l’Annonciation nous donne d’apprécier le silence et la
paix qui se dégagent de Marie.
Alors même si
Marie questionne l’Ange Gabriel, il n’y a aucune comparaison
possible entre le questionnement de Marie et celui de Zacharie (pour
l’annonce de la naissance du Baptiste). Dans son questionnement
Zacharie
met en doute les propos de l’Ange
compte tenu de son âge et celui de son épouse. Il y a véritablement
un manque de foi en la parole de l’Ange.
Quant à Marie,
elle est tout d’abord troublé par la salutation de l’ange qui
lui paraît démesurée. A cela l’ange Gabriel, l’a rassure et
lui annonce sa future maternité et qu’elle a été choisi pour
être la mère du Fils du Très-Haut. Alors Marie, qui n’est pas
ignorante des Saintes Ecritures et connait la prophétie d’Isaïe
sur la Vierge qui enfantera un fils, s’interroge car rien dans la
prophétie ne parle du « comment » et c’est la question
de Marie. Et
ce questionnement peut nous laisser légitimement entendre que Marie
pensait durable son état de virginité
au-delà de ses fiançailles avec Joseph.
Et c’est ici
qu’il faut voir la
foi extraordinaire de Marie
dans le message de l’Ange Gabriel. Aucune autre question sur son
nouveau statut de femme enceinte non marié, ni sur son fiancé
Joseph. Ce que nous pourrions prendre humainement pour de
l’insouciance, voire de l’imprudence n’est, en fait, qu’une
totale confiance en Dieu et un total abandon à sa volonté.
Marie doit déjà
être dans sa prière à un très haut degré d’union avec Dieu.
Elle ne cherche pas à tout maitriser, à tout gérer, à tout
contrôler… Marie est totalement persuadé que « si Dieu est
Dieu, il a pensé à tout, et qu’elle n’a qu’à consentir à
son projet d’amour sur elle ».
Mais
revenons, frères et sœurs, à la salutation de l’Ange Gabriel à
Marie.
La Vierge Marie,
la toute pure, est appelée par l’Ange Gabriel « pleine
de grâce ».
C’est bien cette appellation qui a dû troubler la Vierge Marie.
Elle n’a pas encore conçu l’auteur de la grâce qu’elle est
appelée « pleine de grâce ». Sans aucun doute, elle
l’est par anticipation
mais Marie, telle une Vierge sage, a non seulement son vase débordant
d’huile mais elle
va, à partir de maintenant, porter un autre vase,
débordant lui aussi et inépuisable et c’est
de cette huile de miséricorde que la Vierge Marie illumine les
lampes de tous les hommes
sans épuisé celui dont elle est rassasiée. Marie sait qu’elle
peut donner de son huile sans compter car elle
sait à la fois garder et donner.
Hugues de St
Victor, théologien du XIIe siècle, dira que : « …
la lumière de la lampe de Marie a été la
virginité de sa chair
tout comme l’huile de son vase a été l’humilité
de son cœur. »
Alors que peut bien signifier pour
l’Eglise et pour chacun de nous, le fait que l’histoire de Marie
commence par le mot « grâce » ?
Cela signifie
que, pour nous aussi, au commencement de tout, il
y a la grâce,
l’élection libre et gratuite de Dieu, son inexplicable
bienveillance, sa venue à notre rencontre et le don qu’il nous
fait de lui-même par pur amour. Cela signifie que la
grâce est « le principe premier » du christianisme
et donc de tout chrétien.
Alors, Marie,
comme chacun de nous, n’avons d’autre explication de notre
existence que
dans l’amour dont Dieu nous a aimées, et par cet amour, nous a
créées.
La
beauté de l’acte de foi de Marie
vient du fait qu’il est le « oui » nuptial de l’épouse
à l’époux, un « oui » prononcé en totale liberté.
Ce
« oui » de Marie n’est pas un acte simplement humain,
il est éveillé par l’Esprit-Saint lui-même dans les profondeurs
de l’âme de Marie.
L’Esprit-Saint que l’ange Gabriel lui promet :
« L’Esprit-Saint
viendra sur toi »,
n’est pas seulement promis pour concevoir le Christ dans son corps,
mais
aussi pour le concevoir, par la foi, dans son cœur.
Par
l’Esprit-Saint Dieu répand la charité dans le cœur de sa
créature, et la charité entraîne la créature à accomplir ce que
Dieu veut. La
charité devient la loi, la loi de l’Esprit.
Dieu
n’impose pas sa volonté mais il donne la charité.
Et
l’amour ne permet pas à celui qui est aimé de ne pas aimer à son
tour.
Ainsi s’explique le don plénier de Marie ; elle se sent aimée
de Dieu et cet
amour la porte à se donner à Dieu
de tout son être.
Rappelons-nous
l’expérience de la petite Thérèse le jour de sa première
communion : « Ce
fut, écrit-elle,
un
baiser d’amour, je me sentais aimée, et je disais aussi : je
vous aime, je
me donne à vous pour toujours. »
(Man A,35,1)
Alors en cette
fête de l’Annonciation, frères et sœurs, faisons nôtres les
paroles de Saint-Augustin qui invitait ces chrétiens d’Hippone à
imiter la Mère de Dieu : « Marie
le porta dans son sein, nous
portons-le dans notre cœur.
La Vierge devint enceinte par l’incarnation du Christ, que
notre cœur le devienne par la foi au Christ.
Elle enfanta le Sauveur, que notre âme enfante le salut et la
louange. Que nos âmes ne soient pas stériles, qu’elles
soient fécondes pour Dieu. »
(Sermons
189,3) AMEN.
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