Homélie du 24 septembre 2017 – 25e TO
Frères et Sœurs, la
liturgie de la Parole propose à notre méditation la parabole des ouvriers de la
vigne. À l'époque de Jésus, il était fréquent d’embaucher pour la journée. Les
ouvriers se rassemblaient en un lieu convenu et attendaient qu’on les embauche.
Voici le maître d’un domaine qui sort au petit matin pour embaucher des
ouvriers à sa vigne. Il en trouve pour une journée et convient avec eux d’un
salaire d’une pièce d’argent. Le propriétaire sort de nouveau à 9 heures, à midi et à trois heures et fait de
même. Enfin, il sort à 5 heures, une heure avant la fin du travail, s’étonne de
trouver encore des ouvriers sans travail et les envoie à sa vigne. Et quand
vient le moment du salaire, il donne autant aux derniers qu’aux premiers alors
qu’ils ont enduré le poids du jour et de la chaleur. On comprend le
mécontentement des ouvriers : qu’aurions-nous fait à leur place, surtout
nous Français avec notre soucis de fraternité et de justice égalitaire ? Mes
pensées ne sont pas vos pensées, dit le Seigneur dans la première lecture. Nous
pouvons tirer deux enseignements majeurs de cette parabole.
Premier enseignement : Le Seigneur embauche à toute heure.
Le Seigneur embauche à tout âge. Il embauche chacun de nous, chacun selon sa
vocation, à la place qui est la sienne, selon ses capacités et sa générosité,
avec le tempérament qui lui est propre, avec les qualités et les faiblesses qui
le particularisent. Oui, chacun de nous reçoit du Seigneur un appel personnel particulier
à vivre l’Évangile, à œuvrer pour le royaume, à travailler à sa vigne.
Et chacun reçoit du
Seigneur l’appel et le travail qui lui convient. Car Dieu connaît notre cœur,
il sait ce dont nous sommes capables. Pour un tel, l’appel du Seigneur sera de
renouer avec lui des liens distendus, en intensifiant sa vie de prière ou en
fréquentant d’une façon plus régulière les sacrements et la messe du dimanche. Pour
un autre, ce sera un appel à plus de vigilance dans sa vie de foi, dans
l’observance des commandements. Pour un autre encore, il s’agira d’offrir tout
simplement ses épreuves, maladie, chômage, vieillesse ou bien encore à
témoigner de sa foi dans son milieu de travail et familial.
Mais pour tous, il y a aussi
un appel général. C’est le pape François qui se faisant la voix de Dieu nous
transmet cet appel. Le Pape nous invite à une nouvelle évangélisation et donc à
une conversion profonde. Il nous invite à donner la priorité aux plus pauvres,
aux démunis, aux exclus. C’est un appel qui nous dérange et que nous avons du
mal à entendre parce qu’il nous fait sortir de notre confort confortable. C’est
un appel urgent à se rendre plus disponible aux appels de détresse de nos
frères et sœurs en humanité, à donner de son temps et de sa vie à des œuvres
caritatives… Il y a tant à faire. L’actualité nous rappelle quelques chiffres
épouvantables : des centaines de milliers de personnes qui meurent chaque année
du paludisme ; prés d’un milliard de personnes qui souffrent de malnutrition,
et des millions qui en meurent chaque année.
Nous prions pour que dans
le monde il n’y ait plus de faim. Que tous mangent à leur faim… mais nous
demandons aussi que Dieu fasse de nous des vecteurs de sa providence. Et nous
pouvons agir pour les plus pauvres et les plus démunis qui souffrent la faim. Et
il ne s’agit pas de leur donner seulement de notre superflue mais de leur
rendre ce qui leur appartient et dont nous profitons. Tout vient de Dieu, et
Dieu veut que nous partagions ce qu’il a donné à tous les hommes. Leur donner
ce que nous avons en trop ce n’est pas faire œuvre de générosité mais leur
rendre ce qui leur revient de droit.
Nous avons une dette
envers nos frères les plus pauvres surtout en Afrique. Par nos générosités nous
pouvons contribuer à l'éducation scolaire des jeunes en détresse matérielle et
humaine, nous pouvons contribuer à la création de dispensaire ou d’hôpitaux
pour ceux qui souffrent, nous pouvons aussi aider à la formation des prêtres
pour l'Eglise de demain.
Au ciel nous
n’emporterons rien de ce que nous avons entassé dans nos greniers. Au ciel nous
n’emporterons que ce que nous avons donné gratuitement. Nous venons à la messe
et c’est bien puisque c’est la source de la vie chrétienne. Mais au dernier
jour Jésus ne nous demandera pas si nous avons été à la messe tous les
dimanches, ou si nous avons bien fait nos prières. C’est le minimum requis pour
porter le nom de chrétien. Saint Paul nous dit que si j’ai une foi à
transporter les montagnes si je n’ai pas l’amour, ça ne me sert à rien. Même si
je fais des miracles, même si je livre mon corps aux flammes, si je n’ai pas
l’amour ça ne sert à rien. Au dernier jour, il nous dira, j’ai eu faim et tu
m’as donné à manger, j’été nu et tu m’as vêtu, j’étais malade ou en prison et
tu es venu me consoler, venez les béni de mon Père entrez dans la joie de votre
Dieu. Tant qu’il est encore temps pensons à nous faire des amis avec l’argent
malhonnête, n’ayons pas peur de donner de notre temps et de notre argent aux
plus pauvres, cela nous sera rendu au centuple dans le monde nouveau avec comme
récompense la vie éternelle. Nos générosités d’aujourd’hui pour les pauvres
nous attirent la bienveillance et la grâce de Dieu, et nous préparent les joies
de demain, des joies éternelles. Seuls les pauvres seront sauvés et c’est eux
qui nous accueilleront dans la maison du Père.
Oui, le Seigneur embauche
à toute heure et à tout âge. Il ne faut pas se dire, c’est trop tard, cela ne
sert à rien. Pour lui, il n’est jamais trop tard, car le travail ne manque pas
à la vigne du Seigneur. Le Seigneur embauche tous ceux qui le cherchent.
Deuxième enseignement : Le Seigneur donne à chacun la même
récompense, le même salaire. Car ce n’est pas tant la quantité du travail
effectué, ni la qualité des œuvres accomplies qui nous obtient la récompense du
royaume des cieux, mais c’est d’abord la gratuité et la bonté de Dieu. Le
psaume nous le rappelle : « la bonté du Seigneur est pour tous, sa
tendresse pour toutes ses œuvres ».
Et Dieu n’attend pas nos
œuvres ni la fin de notre vie pour nous donner son royaume. Dieu donne
surabondamment à la mesure de son amour et la mesure de son amour, c’est d’aimer
sans mesure. Dieu se donne totalement et gratuitement dès maintenant à qui se
donne totalement à lui au service de l’Evangile et de ses frères.
Oui, la suprême
récompense que Dieu accorde gratuitement aux artisans du royaume, le juste
salaire que Dieu donne maintenant aux ouvriers de sa vigne : c’est Jésus- Christ
lui-même, présent et agissant parmi nous et en nous. Par le baptême, nous avons
été greffés sur le Christ, nous sommes les membres de son corps. Depuis notre
baptême, c’est la vie du Christ qui s’écoule en nous. Mais nous avons besoin de
nourrir et d’entretenir cette vie du Christ en nous, par la prière, en recevant
sa parole et son corps à la table eucharistique.
C’est l’expérience que
nous relate Saint Paul dans la deuxième lecture : « Pour moi, vivre
c’est le Christ ». Dans un autre passage, il dit de même : « ce
n’est plus moi qui vit, c’est le Christ qui vit en moi ». Ce sont des
paroles fortes qui nous disent combien saint Paul était uni au Christ. Ce sont
des paroles qui nous indiquent quelle est la finalité de la vie chrétienne.
Etre uni au Christ par les liens de l’amour, vivre de sa vie, vivre sa vie. On
comprend alors l’ardent désir de Paul de rejoindre, par-delà la mort, le Christ
à qui il est uni sur terre par le lien vital, le cordon ombilical de la charité.
On comprend aussi son désir de travailler à la vigne du Seigneur en contribuant
à faire grandir le Christ dans l’âme de ses frères et sœurs.
Frères et Sœurs, nous
sommes loin sans doute de cette vie de charité en Christ, mais là encore plus
qu’ailleurs, Dieu ne regarde pas tant la durée de cette vie que l’intensité qui
l’habite. Oui, une journée, une heure, une seconde de charité, de parfait amour
compense et répare toute une vie de débauche loin du Seigneur. Un acte de
parfait amour, dit Saint Jean de la Croix, est plus profitable à l’Église, au
monde entier que toutes les autres œuvres accomplies sans cet amour.
Conclusion : Frères et Sœurs, accueillons la
parole de Jésus dans notre cœur, laissons-la germer et fructifier ;
accueillons l’invitation que le Seigneur nous fait de travailler à sa vigne et
tâchons d’y répondre de tout notre cœur chacun selon son appel.
Alors, bienheureux sommes-nous
si le Seigneur nous embauche sur le tôt, à la première heure, car les œuvres de
l’amour nous accompagnent et notre récompense sera grande dans les cieux. Bienheureux
aussi sommes-nous si le Seigneur nous embauche sur le tard, à la dernière heure
car à l’égal des premiers appelés, nous recevrons la même récompense. « Les
derniers seront les premiers servis à la table du royaume des cieux ». C’est à
cette table eucharistique, où nous allons partager le repas de l’amour que le
Père nous invite maintenant. AMEN !
Commentaires
Enregistrer un commentaire