Homélie du 19 avril 2020 - 2e TP


            Frères et Sœurs, la miséricorde jaillit du Cœur du Christ pour venir nous rejoindre. Nous qui sommes bien souvent tentés de nous enfermer dans notre petit cénacle de nos sécurités humaines, comme les apôtres, mais le Christ vient rompre nos chaînes. Il se penche avec condescendance sur notre manque de foi, que saint Thomas incarne si bien, et nous invite à toucher ses plaies, pour faire l'expérience directe de sa nouvelle vie. Il se donne réellement à toucher dans l'Eucharistie, dans nos frères, dans nos communautés...
            Dans les lectures de ce dimanche, c’est toute l’œuvre de la Miséricorde qui se déploie, nous sommes invités à admirer, par la première lecture (Actes), la communion qui se fonde sur la miséricorde dans la vie de la première communauté chrétienne : union des cœurs, vie nouvelle, conversions, etc. Le psaume se présente comme une célébration de la miséricorde. Enfin, saint Pierre place la miséricorde à la source de la nouvelle vie : « dans sa grande miséricorde... » (1P1,3).
            L'incrédulité de Thomas n'est donc pas le centre des lectures de ce dimanche : c'est bien plutôt la miséricorde du Seigneur. Dans l'Évangile, Jésus vient au secours de son disciple en difficulté, et accède à sa demande insistante de toucher ses plaies, manifestant la condescendance de la miséricorde. Ces plaies qu'il a déjà montrées aux autres apôtres sont le signe de son amour jusqu'à la mort : de son côté ont coulé l'eau et le sang qui nous communiquent les richesses de son cœur, il s'agit de la source de la miséricorde. Il envoie ses apôtres avec un mandat précis, être ministres de la miséricorde : « tout homme à qui vous remettrez ses péchés... » (Jn 20, 23).
            Par ailleurs, l'incrédulité de Thomas, dans le fond, n'est pas si étonnante ; si elle nous scandalise, c'est peut-être que nous avons perdu de vue l'inouï des événements de Pâques. Pour la première fois un homme revient du royaume des morts, un événement si impensable que certains disciples, même après plusieurs apparitions, auront du mal à croire : « Certains eurent des doutes » (Mt 28). Nous savons que la prédication de Paul à Athènes butera sur l'annonce de la Résurrection, une idée totalement étrangère à la raison, dans le monde grec. De même aujourd'hui nos contemporains et même un certain nombre de pratiquants avouent avoir du mal à croire à sa réalité.
            Contemplons l'attitude du Christ dans l'Évangile : le Seigneur vient à notre rencontre, il fait sauter les verrous et nous rassure en nous disant « la paix soit avec vous ! ». Il sait bien que nous sommes troublés, il connaît bien les blessures de notre cœur, notre lenteur à croire, la peur qui nous paralyse ; son attitude bienveillante à l'égard de Thomas se répète envers nous. Aucun reproche à l'égard de l'obstination aussi profonde de son ami et de même pour nous. Il lui offre de faire l'expérience directe de sa nouvelle vie, et en profite pour louer les générations futures de croyants : « Parce que tu m'as vu, tu crois ; heureux ceux qui croient sans avoir vu ».
            Aujourd'hui encore Jésus nous apprend comment entrer dans le mystère de la Résurrection. Non pas en forçant notre raison à admettre ce à quoi elle est réfractaire, mais en faisant l'expérience spirituelle d'une rencontre avec lui. Cela est possible en le « touchant », en le rencontrant réellement dans la prière, dans la méditation de sa Parole, dans les sacrements, dans la vie de communauté, etc. Car il se donne réellement à entendre, à voir, à manger...
            Par ailleurs, Jésus nous indique ce qui doit être l'objet de notre foi. Comme Thomas, nous voudrions parfois avoir la preuve que Jésus est bien ressuscité et qu'il est présent à nos côtés. Nous cherchons à vérifier un fait. Or c'est trop peu, et ce n'est pas ce dont il s'agit. Jésus veut nous faire connaître par expérience directe son immense amour et cette vie nouvelle, qui est sienne et qui est aussi pour nous. C'est pourquoi, il nous fait entrer en contact avec lui, il nous fait toucher ses plaies qui sont les preuves de cet amour infini. Et Thomas, au lieu de conclure en affirmant par exemple « oui, c'est bien toi, j'accepte de croire », fait une toute autre réponse, une réponse remplie d'amour, une réponse d'adorateur : « Mon Seigneur et mon Dieu ».
           En accédant à la demande de Thomas, Jésus corrige l'approche erronée qui est la sienne et la nôtre : croire dans le Christ ressuscité, ce n'est pas seulement accepter la réalité de certains faits extraordinaires. C'est entrer dans l'incroyable relation d'amour qui nous est proposée et vivre avec Dieu d'une vie où l'éternité commence et se déploie déjà.
            Pourrions-nous imaginer attitude plus positive, plus tendre, plus patiente ? La miséricorde est bien le but de l'Incarnation, non seulement pour l'exercer pleinement sur la croix, mais pour la manifester dans toutes les attitudes d'un ami proche et attachant.
            En ce dimanche de la Miséricorde, redisons avec Saint Faustine :
« Salut à Toi, très Miséricordieux Cœur de Jésus,
Source vivante de toutes les grâces,
Notre unique abri, notre unique refuge,
En toi repose mon espérance !... 

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