Homélie du 3 septembre 2017 - 22e TO

L’Évangile, au chapitre 16, de St Matthieu que nous venons d’entendre pour ce 22° dimanche du temps ordinaire dans l’année, est la suite du même chapitre que nous avons eu dimanche dernier. Il s’agit donc à la fois de la primauté de Pierre que nous avons donc eu dimanche dernier, et de l’annonce de la Passion et de la nécessité de porter notre croix à la suite du Christ. Aujourd’hui en ce dimanche nous avons dans un premier temps le refus de Pierre sur cette voie de souffrance et de mort, voie qui aboutit nécessairement à la Résurrection  comme nous la célébrons au cours de la messe.
            Donc, après la profession de foi de Pierre, Jésus lui dit : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église » (Mt 16,18). (Tu es Petrus et super hanc petram aedificabo Ecclesiam meam). Une première chose à bien noter dans cette proclamation Jésus dit : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église ». Jésus dit JE bâtirai MON Église. Il ne dit pas Tu bâtiras TON Église, ou je bâtirai TON Église, ou même TU bâtiras mon Église ; mais bien : « JE bâtirai MON Église ». C’est le Christ seul qui bâtit et il bâtit SON Église. Certes ce sera sur Pierre, mais c’est le Christ qui bâtit et il bâti SON Église à lui.
            Ce premier point important bien compris nous passons à l’évangile d’aujourd’hui qui en est la suite directe. Jésus annonce à ses disciples sa Passion, c’est la première annonce qu’il fait de cette Passion. « Jésus le Christ, nous rapporte St Matthieu, commence à montrer à ses disciples qu’il lui fallait partir pour Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des chefs des prêtres et des scribes, être tué, et le troisième jour ressusciter ».
            Alors Pierre s’insurge contre ce destin tragique, nécessaire pourtant pour atteindre la Résurrection : « Dieu t’en garde, Seigneur ! Cela ne t’arriveras pas ». Alors Jésus apostrophe gravement et très sévèrement Pierre : celui auquel il vient de dire qu’il bâtira son Église sur lui :
            « Passe derrière moi, Satan, tu es un obstacle sur ma route, tes pensées ne sont pas celle de Dieu, mais celles des hommes ».Littéralement « Retire-toi, Satan (Upagué Satana, en grec), la même expression que Jésus employa vis-à-vis du démon lors de ses tentations au désert (Mt 4,10).  Pierre, sans le comprendre, tente de la même façon le Christ. Cela en lui suggérant le programme du Messie temporel, terrestre attendu par les hébreux : miracles, puissance politique, triomphes humains. Aussi Jésus montre que sa Royauté n’est pas de ce monde. Il doit souffrir et mourir pour racheter la faute des origines (péché originel) et toutes nos fautes, à nous aussi en ces temps où nous vivons sur terre. Mais ensuite il ressuscitera et alors il nous ouvrira le véritable Royaume, sa Vie Éternelle de bonheur en lui, dans la Trinité Bienheureuse qu’il forme avec son Père et leur commun Esprit-Saint. C’est la seule fois, où en dehors du diable au désert, Jésus traite quelqu’un de Satan, même pour Judas il ne l’a pas fait directement.
            Jésus nous enseigne alors cette  vérité qui est devenu comme un proverbe : « Quel avantage en effet un homme aura-t-il à gagner le monde entier, s’il le paye de sa vie ? » Que sert à l’homme, en effet, de gagner l’univers, s’il vient à perdre son âme. C’est en grande partie la situation de notre monde aujourd’hui. On veut tout avoir, tout savoir, mais on croit pouvoir se passer de Dieu et l’on ne s’occupe pas du salut de son âme.
            Simon-Pierre c’est, bien sûr, d’abord lui-même, ce sont tous ses successeurs les Papes, c’est toute l’Église hiérarchique des évêques, avec les prêtres, voire tous les consacrés.
            Mais Pierre c’est aussi toute l’Église, tous les fidèles. Aussi le reproche que Jésus adresse à Pierre, c’est dans une certaine mesure à chacun d’entre nous qu’il l’adresse. Dieu ne nous traite pas de Satan, mais il ne veut pas que nous refusions de le suivre avec notre croix quotidienne.
            Comme le dit, entre autres, Sainte Thérèse d’Avila, la grande réformatrice du Carmel au XVI° siècle, il nous faire contre mauvaise fortune bon coeur. Car de toute façon nous ne pouvons pas échapper ni à la souffrance, ni à la mort. Mais en suivant le Christ, ces souffrances et cette mort déboucheront sur la Résurrection, sur la vie sans fin en Dieu, pour laquelle nous avons été créés.
            Au moment de la Passion, de la condamnation du Christ, Pierre reniera son maître, en proférant des imprécations et en jurant   : « Je ne connais pas cet homme », nous dit le même Saint Matthieu et aussi Saint Marc. En grec, c’est le mot « Maudire », ou plus exactement « anathème », qu’emploie St Marc (anatématisein, αναθεματιζει (Marc 14,71).
            Mais le chant du coq réveilla Pierre de sa torpeur, de son reniement, et il pleura amèrement son péché. Ce chant du coq nous rappelle notre péché, d’une certaine manière ce chant du coq c’est Notre-Dame, notre Mère, comme elle le fait dans ses nombreuses apparitions, ce sont tous les saints, en particulier ceux de France, puisque le coq est aussi l’emblème de notre pays. En latin « Gallus » est exactement le même mot pour coq et pour gaulois.
            Ainsi dans les apparitions de la Sainte Vierge à Lourdes, Sainte Bernadette nous a transmis le message de conversion de Marie. Cela doit nous aider à comprendre et à vivre les exigences de l’Évangile, tel que Jésus, Dieu fait homme, nous l’a enseigné. Et Marie dit à Bernadette, donc à chacun d’entre nous : « Je vous promets d’être heureuse, non pas en ce monde, mais en l’autre ».Et si nous voulons être heureux aussi dès ce monde, vivons les béatitudes qui sont, elles aussi exigeantes : « Heureux les pauvres en esprit, le Royaume des Cieux est à eux... Heureux les miséricordieux, ils obtiendront miséricorde... Heureux les artisans de paix, ils seront appelés fils de Dieu » (Mt 5,1-12)…
           
            En célébrant le Saint Sacrifice de l’Eucharistie, à la messe, c’est tout le mystère de l’Incarnation de Dieu, tout le mystère de son enseignement dans les évangiles, tout le mystère de ses souffrances, de sa mort et de sa Résurrection que nous célébrons.
           
            En ce mois de septembre pensons spécialement à la nativité de Marie le 8, vendredi prochain, cela en renouvelant notre consécration à son Cœur Immaculé, et n’oublions pas la Croix Glorieuse le 14 suivie le 15 de N.D. des Douleurs, Notre-Dame de Pitié, notre fête patronale ici en ce sanctuaire, enfin également à la fête de saint Michel et de tous les anges le 29.
           
           
Aussi que Notre-Dame, tous les anges et tous les saints nous aident à bien vivre cela, en n’oubliant pas que nous recevons tout ce mystère d ‘amour et d’union à Dieu et entre nous, de sacrifice et de bonheur, nous recevons tout cela en nourriture à la communion, laquelle fait de nous un  seul corps, le Corps du Christ, pour l’Amour et la plus grande Gloire de Dieu.                AMEN.

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